La mort de Tintagiles. Maurice Maeterlinck . Yohan Bret. Théâtre Sorano

Clair obscur. C’est l’expression qui nous vient lorsqu’on assiste pour la première fois à cet étrange conte de Maurice Maeterlinck, qui narre la bataille d’un jeune garçon contre une entité. Entre obscurité et lumière, Tintagiles nous emmène sur cette île, ou la reine dévoreuse d’âme, étend sa tyrannie du haut de sa tour. Ses deux sœurs, Ygraine et Bellangère, accompagnées par leur vieux serviteur, Aglovale, vont tout tenter pour protéger ce petit frère chéri. Mais cette sorcière, cette entité omniprésente par la voix, absente pour le regard, qui est-elle vraiment ?
Deux visions sont proposées aux spectateurs : devant le voile noir qui sépare en deux la scène et pour dix étudiantes de notre classe, derrière le rideau. Là,  l’espace est clos, la musique et la fumée nous enveloppent et nous sommes happés par cet environnement qui englobe totalement le spectateur assis sur scène. Les quelques lumières chaudes dévoilent un jeune homme, que nous devinons être Tintagiles. Mais les voix ne concordent pas, nous entendons clairement la sœur de l’autre côté du voile, échangeant avec son petit frère. Et ce Tintagiles présent devant nous, répond ou non, tantôt dans un souffle, tantôt d’une voix plus assurée, aux voix derrière le rideau. Nous nous focalisons sur cette étrange histoire, ce poème à quatre voix. Nous ne voyons pas les autres personnages, qui passent tels des fantômes devant le voile, qui feutre la vision. Tintagiles a peur, il se blottit contre nous.
De l’autre côté, l’histoire se dévoile. Les deux sœurs, Ygraine et Bellangère sont proches de nous, et nous partageons leur espoir et leur bataille pour sauver ce petit frère, qui semble si fragile et innocent face à cette sorcière amenant la mort, le doute et la peur. Mais la frontière tombe et l’on découvre deux Tintagiles.  Les deux mondes se mêlent, la frontière disparaît. Entre le passé et le futur, l’espoir et le désespoir, la vie et la mort, la frontière est poreuse. Finalement ce conte de scène met en lumière l’acceptation et la renaissance dans un magnifique tableau final, ou le Tintagiles qui décide de se battre, se relève et affronte ses peurs.

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